A la fin du XVIIe siècle et au tournant du XVIIIe siècle un engouement imprévu pour le bronze doré envahit le décor intérieur. La supériorité de Paris, dont la conception s'opère souvent à la cour de Versailles apparait écrasante et s'étend sur le reste de la France et l'Europe entière.
De toute l'Europe, la France eut les plus grands bronziers.
Pourtant la technique semble ancienne et déjà au Moyen âge et à la Renaissance (particulièrement en Italie, en Allemagne et en France), les artistes et artisans firent grand usage du bronze et se plurent à le dorer au feu par le mercure et l'or moulu (ormulu).
Ainsi la technique qui est décrite en l'an 1100 (dans le traité du moine Théophile) n'est pas différente de celle qu'expose Diderot et D'Alembert dans leur encyclopédie.
L'Italie au XVIIe siècle va beaucoup utiliser le bronze doré, c'est cependant la France et le génie que Louis XIV (initié par Mazarin) manifeste dans le choix des meilleurs talents qui vont être à l'origine de l'extension prodigieuse du bronze doré en France.
Les dépenses de Louis XIV de plus en plus tournées vers le luxe et l'ostentation vont étendre les possibilités du bronze doré.
Au début les bronzes dorés sont surtout utilisés dans la serrurerie (boites des serrures, poignées de portes, cremones, verrous) puis on remplacera ce qui était en fer doré, stuc doré et bois doré dans la décoration et le mobilier.
Les Tuileries d'abord, La grande Galerie du Louvre et la Galerie d'Apollon, Saint Germain et surtout Versailles sont inscrits dans les comptes pendant une quinzaine d'années pour des sommes qui se chiffrent par milliers de livres.
Les applications de bronze doré sur les meubles apparaitront aussi durant le règne de Louis XIV puis ce sera au tour des lutres, appliques, chenets, pendules...
A la mort de Louis XIV, le bronze doré va s'épanouir sous l'influence de Louis XV au goût subtil et plus pur que son ainé. Incontestablement le bronze doré est à son apogée sous le regne de Louis XV. Qu'il s'agisse de meubles ou de n'importe quelle catégorie de bronzes d'ameublement, tout ce qui est destiné à Louis XV est d'un travail superbe, d'un art le plus souvent original et selon des modèles choisis ou crées d'après ses propres suggestions.
Sous Louis XVI, l'élément fédérateur est Marie-Antoinette. Dépensière, créatrice, exigente, elle se trouve personnellement responsable de nombreux bronzes dorés conçus pour elle et parmi les plus rares de son temps.
Il ne faut pas non plus négliger l'influence qu'ont eu Versailles et Paris sur les grandes demeures en province et dans l'Europe entière. Les artisans de Paris bénéficiant d'une grande renommée, un mouvement d'engouement extraordinaire entraine la société toute entière et la décoration de Palais et grandes demeures où les bronzes d'ameublement s'étalent avec éclat.
Enfin, sous l'Empire et la restauration, la qualité devient exceptionnelle tant par la ciselure que par la dorure.
I) LA TECHNIQUE DU BRONZE DORE (voir cahier de l'antiquaire)
II) LES PRINCIPAUX BRONZES DORES:
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Le mobilier
Ornementations de commodes, secrétaires, bureaux, cabinets,
Les poignées, anneaux, sabots, pieds, chutes...
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Décoration
- Cheminées, antres de cheminée, chenets ou feux, rampes d'escalier, serrureries telles que boutons de portes, poignées, espagnolette, verrous
- Luminaires tels que bras de lumières ou appliques, lustres et lanternes, flambeaux, bougeoirs, candélabres, girandolles
- Horlogerie: pendules, cartels, horloges, régulateurs de parquet, baromêtre...
- Vases montés, porcelaine, laques ou pierres montées, garnitures de cheminées, encriers
III) L'AUTHENTICITE:
C'est la partie la plus délicate. L'authentification d'une pièce en bronze doré est extrèmement compliquée et exige une longue expérience.
Un bagage théorique est évidemment nécessaire. Mais comme dans tout domaine des antiquités, il faut avoir vu énormément de pièces, les avoir comparées, touchées... apprendre à "sentir" l'objet avant de pouvoir donner un avis sur l'authenticité d'un bronze doré.
Quelques éléments peuvent guider. Les bronzes dorés français du XVIIIe sont en général plus légers et moins épais que ceux du XIXe, par souci d'économie. L'harmonie, l'équilibre des formes, la nervosité de la ciselure sont autant de facteurs déterminants.
Il existe de nombreux surmoulages d'époque, à partir d'un modèle à succès que les marchands merciers commercialisaient aisément. Ces pièces sont à considérer comme authentiques. Les redorures aussi étaient fréquentes.
La connaissance des systèmes de fixations a également son importance : des vis filetées de manière inégale, des écrous non symétriques sont des des indices d'une fabrication au XVIIIe.
IV) BRONZIERS CONNUS ET SIGNATURES:
La signature sur les bronzes est rare et doit être appréciée avec beaucoup de prudence. Elle est toutefois plus présente sous le Louis XVI puis sous l'Empire et la restauration.
Quelques grands noms de bronziers français :
Philippe Caffiéri, Jacques Caffiéri, Jean Joseph de Saint-Germain, François Rémond, Pierre Gouthière, Jean-Claude Duplessis (né en Italie), la lignée des Feuchère, Pierre-Philippe Thomire......