Le style EmpireLE STYLE EMPIRE
Les expositions consacrées à l’impératrice Joséphine, à l’occasion du bicentenaire de sa mort, sont l’occasion de revenir sur le style Empire, qui marqua son époque et la gloire de Napoléon, en France mais aussi dans toute l’Europe.
Appartements de Joséphine au Château de Malmaison. Lit de Jacob-Desmalter & cie, 1812. (Image GFDL Creative Commons license)
Le style Empire recouvre la période de règne de Napoléon ler, de 1804 à 1814. Après la restauration des Bourbons, Il perdure une dizaine d’années encore, avant de laisser place à un style plus bourgeois. Il fait suite aux styles Louis XVI et Directoire. L’antique, déjà présent dans les arts décoratifs depuis Louis XVI, est désormais à son apogée. Première source d’inspiration de l’Empire, il ne s’agit plus d’une simple influence, mais véritablement d’une recherche de copie la plus exacte possible des grandes civilisations grecque, romaine et égyptienne. Le style Empire est très nettement influencé par l'Empereur Napoléon Ier, qui impose son goût pour les éléments massifs et imposants. Les campagnes militaires, notamment celle d'Égypte, inspirent certains décors. Les attributs guerriers foisonnent. Avec l'expansion de l'Empire, ce style s'impose dans toute l'Europe, Napoléon souhaitant qu’il soit le reflet du pouvoir impérial et de son prestige.
Arc de triomphe du Caroussel Les architectes Charles Percier (1764-1838) et Pierre-Léonard Fontaine (1762-1853), qui ont étudié à Rome les monuments de l’Antiquité et de la Renaissance, jouent un rôle fondamental dans la définition et la diffusion du style Empire. Ils fournissent d’innombrables modèles, emprunts de leur érudition archéologique: ils dessinent pour les Manufactures de Sèvres, de la Savonnerie ou de Beauvais, pour l’orfèvre Martin-Guillaume Biennais (1764-1843) ou l’ébéniste François-Honoré Jacob-Desmalter (1770-1841). Le style de meubles qu’ils développent, caractérisé par de larges surfaces austères délimitées par des lignes droites, à motifs de palmes grecques dorées, de couronnes de laurier ou de victoires ailées, est particulièrement bien adapté au goût de la France impériale. Ils diffusent leur œuvre par la publication de recueils de gravures. Leur ouvrage le plus célèbre est le Recueil de décorations intérieures, qui paraît à partir du Consulat par cahiers, puis en édition complète en 1812, avant de faire l’objet de rééditions qui témoignent de la pérennité de son influence. L’Empire n’est pas un style intime, il est droit, hiératique, ne laissant plus de place à la courbe. Les supports circulaires sont ainsi souvent remplacés par des éléments de section carrée, comme les pilastres. On trouve encore des colonnes sur certaines pièces, mais elles sont généralement détachées de manière à laisser voir les angles droits des meubles. L’usage des moulures, qui donne du relief aux meubles, est presque entièrement abandonné. Le style se définit par une silhouette simple mais découpée de manière nette. Par ailleurs, l’usage de bases et de socles lourds accentue la monumentalité des pièces. Aucun autre style n’attache tant d’importance à la symétrie. Autre point très important, la qualité des bois utilisés dans l’ameublement revêt une importance capitale. En effet, ce dernier apparaît massivement, sans marqueterie, avec peu d’ornements, et se doit donc d’être superbe. L'acajou prédomine. II est employé en massif ou en placage. Toutes sortes d'acajous différents sont utilisés.
Les bronzes d’applique jouent un rôle primordial et sont confiés à des artistes spécialisés. Isolés au sein de grands panneaux de bois, ils doivent être d’excellente composition, remarquablement bien sculptés et ciselés. Thomire est l’un des maîtres incontestables. Pratiquement tous les motifs de bronzes sont empruntés au répertoire antique gréco-romain ou égyptien. Les bronzes sont aussi utilisés pour représenter des créatures fantastiques telles que sphinx ailés, lions et chimères, souvent à tête d’aigle, employées en tant que pieds de table ou support d’accotoir. Les cygnes sont également employés comme accoudoir, leur corps formant piètement et leurs ailes l’accoudoir. Têtes antiques, cornes d’abondance, instruments de musique, sont utilisés comme motifs, auxquels il convient encore d’ajouter les emblèmes de la victoire, de la guerre et de l’Empire, ceux du monde animal ainsi que ceux du monde des fleurs, comme la marguerite.
En matière de sièges, de nombreuses nouvelles combinaisons de lignes et de formes apparaissent. Les silhouettes sont plus lourdes et rigides que celles du style Louis XVI. Les lignes sont larges et simples. Parfois, les dossiers sont renversés, leur profil ressemblant à un S allongé. On trouve des sièges en forme de gondole, ainsi que des sièges de forme curule. La grande majorité des sièges produits sont en acajou. Les fauteuils, de siège carré, voient leurs accotoirs soutenus par des montants d'une grande variété : caryatides, lions, cygnes, chimères, dragons...
Chambre à coucher de Napoléon à Fontainebleau. (Image GFDL Creative Commons license)
Les consoles sont pratiquement toujours rectangulaires. Le fond entre les montants est souvent recouvert d’une glace. Parmi les créations de l’Empire, on peut citer la psyché, qui est un miroir indépendant mobile, de grandes dimensions, à mi-hauteur duquel se trouvent des bras de lumière, placé à côté de la table à coiffer. Le somno, table de chevet cylindrique, est également une création de l'époque impériale, de même que le bureau Ministre, en forme d’arc de triomphe, et le lavabo, qui reprend l'Athénienne de l'époque Louis XVI. Les caves à liqueurs commencent à se populariser, et font partie intégrante du trousseau du voyageur. Deux instruments de musique très en vogue complètent les salons Empire : la harpe, typique de la période, et le pianoforte, nouveauté rare et chère, dont les pédales sont souvent en forme de lyre. A la mort de Napoléon, le style impérial et sa monumentalité laisseront peu à peu place à un style plus intime et plus bourgeois. Il s’agit du dernier des grands styles classiques. Quelques artistes : Ébénisterie :Georges Jacob et son deuxième fils dont l'estampille est "Jacob D. rue Meslee", François-Honoré Jacob-Desmalter (1770-1841), Jean Joseph Chapuis (1765-1864), disciple bruxellois de Jacob. Architecture : Charles Percier (1764-1838), Pierre-François-Léonard Fontaine (1762-1853). Peinture :Jacques-Louis David (1748-1825). Sculpture :Pierre-Philippe Thomire (1751-1843). Orfèvrerie : Martin-Guillaume Biennais (1764-1843)
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