Le Style Directoire
LE STYLE DIRECTOIRE
Le style Directoire s’étend de 1789 à 1804. Marquant la transition entre les styles Louis XVI et Empire, il est caractérisé par une facture sobre et des formes simples. Tirant son nom du Directoire, c’est-à-dire du gouvernement des Directeurs qui dura quatre ans, de 1795 à 1799, ce style ne correspond pas exactement à la période historique du même nom. En fait ce style naît au moment de la chute de la Monarchie et disparaît avec l’avènement de l’Empire. Il comprend donc la période Révolutionnaire (1789-1792), de La Convention (1792-1795), du Directoire (1795-1799) et du Consulat (1799-1804) de Napoléon Bonaparte. C’est donc dans une période très troublée que se façonne ce style, à la fois simple et varié dans ses motifs. Sont employés successivement les bonnets phrygiens, les motifs égyptiens, et enfin les glaives croisés. Le style directoire, qui relève à la fois du Louis XVI finissant et des prémices de l’Empire, ne forme pas une entité indépendante, mais doit être défini comme un phénomène de transition, faisant le lien entre les styles Louis XVI et Empire. Les formes se simplifient, alliant les courbes discrètes et les lignes droites, annonçant le style Empire sans en avoir la lourdeur. Dans un premier temps, les allégories et les emblèmes révolutionnaires envahissent le mobilier, le décor mural et les textiles. Parmi ceux-ci figurent le bonnet phrygien (liberté), les niveaux à bulle (égalité), les mains jointes (fraternité), les pics (liberté de l’homme), l’œil inscrit dans un triangle (raison), les trois ordres de la nation soit la croix (clergé), l’épée (noblesse) et la pelle sommée du bonnet phrygien (le tiers état). Puis après la campagne d'Égypte de Bonaparte (1798-1801), à laquelle pris part un grand nombre de scientifiques, écrivains et archéologues, la France et l’Europe se prirent de passion pour l’égyptomanie. Parmi eux figurait l’architecte et archéologue Dominique Vivant Denon (1747-1825), qui profita de son séjour en Égypte pour écrire Le Voyage dans la basse et la haute Égypte, publié en 1802. Cet ouvrage capital, très vite connu pour ses descriptions et ses planches reproduisant des sphinx et pylônes, contribua très largement à la diffusion d’ornements de type égyptien. En effet, peu de temps après sa publication, nombre de pièces d’inspiration égyptienne firent leur apparition dans les collections de dessins de Percier et Fontaine. Par le coup d’État du 9 novembre 1799, Napoléon établit le Consulat et devint lui-même Premier Consul. Cet acte marqua le début de son rôle dans l’évolution artistique, même s’il n’accédât au trône qu’en 1804. Dès 1799, une de ces préoccupations fut de remeubler les palais de manière à évoquer son régime. Dans ce but, il employa Percier et Fontaine, ardents défenseurs du goût antique, qui redécorèrent Saint-Cloud, les Tuileries, le Louvre et d’autres appartements palatiaux dans un style caractéristique de cette époque, marquée par d’importantes conquêtes militaires. C’est donc au cours du Consulat que le style érudit et archéologique qui deviendra celui du Premier Empire vit le jour. Le décor intérieur multipliait les symboles liés à la guerre et les figures de la victoire. Plus tard viendront les emblèmes impériaux, comme les aigles. Peu après, Le style de Napoléon ira chercher ses modèles dans l’art massif et pompeux de la Rome antique, puisque l’art grec, sobre et simple, ne parvenait pas rendre ce que le pouvoir impérial souhaitait exprimer de grandeur et d’héroïsme.
Le mobilier : Le mobilier se devait d’être la copie conforme de pièces mises au jour par les fouilles de Pompéi, ou s’inspirer de représentations figurant sur des vases antiques ou des bas-reliefs. A cette époque se développe même un style « étrusque ». David, le célèbre peintre, eût un rôle important pour ce nouveau goût. Il dessina une série de pièces inspirées de modèles Gréco-romains, et donna l’ordre à Jacob de les produire vers 1789. Parmi ces fameuses pièces, figuraient des sièges en acajou de forme curule avec piètement en X, inspiré du klismos grec, et le gracieux lit de repos aux lignes pures sur lequel David représenta Madame Récamier. Le décor intérieur le plus célébré des dernières années de la République fut justement celui de Madame Récamier. A la pointe de l’évolution stylistique, cet ensemble était dû au génie de deux hommes, Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine, les fameux ornemanistes. Les méridiennes et les lits de repos d’inspiration romaine étaient très à la mode, d’ailleurs celui sur lequel est assise Madame de Récamier finira même par prendre son nom. Exécutés en acajou, les sièges et les lits de repos aux larges courbes rappelaient les modèles grecs. Ils se distinguent par leur traitement raffiné et archéologiquement documenté. Portrait de Madame Récamier, par Jacques Louis David, Musée du Louvre.
D’autres types de meubles de cette époque arboraient souvent des ornements extravagants, à la fois archéologiques et symboliques, comme les glaives romains, le foudre de Jupiter, des pieds d’animaux crochus et des mufles de lions. George Jacob, premier de la ligné des fameux ébénistes Jacob, fut l’un des premier à introduire le sphinx dans le décor du mobilier.
Le siège : Il y eut peu de nouvelles formes d’autres pièces de mobilier avant l’Empire. Mais dans le domaine du siège, deux types très fréquents sont discernables. A l’instar de tous les sièges Directoire, leurs pieds postérieurs, de section carrée, présentent une courbure en forme de sabre. Ceux-ci sont ensuite prolongés par les montants du dossier. Ce trait spécifique est le premier élément que l’on remarque dans les imitations du klismos grec et ne manque pas d’élégance. Puis deux types de siège Directoire se distinguent. Le premier est encore proche du style Louis XVI : Le dossier, légèrement concave, possède des montants évasés formant des angles plus ou moins prononcés avec la traverse supérieure. Le deuxième possède quant à lui un dossier renversé en crosse, à la manière du klismos. Les formes des pieds antérieurs sont communes aux deux types, toujours tournés et fuselés ; les accoudoirs se terminent en pommeaux, volutes ou sont à angle droit et ornés, au raccordement avec le dossier, d’une palme ou d’une coquille sculptée. Les supports d’accotoir sont en forme de balustre ou de colonnes. Parfois, comme c’est le cas pour l’un des fauteuils de Madame Récamier, les supports adoptent la forme d’un sphinx ailé ou un motif similaire. L’ornement sculpté, peu tourmenté à cette époque, se décline en marguerites, étoiles, soupières, des filets en relief. Le losange, complet ou à angles rabattus, est l’un des motifs Directoire les plus fréquemment répété.
L’ornementation : L’ornementation gagne en sobriété, d'autant que la Révolution a entrainé la fermeture de nombreux ateliers d'ébénisterie. Le style pompéien prédomine, mais les motifs d'inspiration Renaissance sont également très à la mode et les premiers décors à l'égyptienne apparaissent, tous interprétés dans une gamme de coloris très particuliers. Les motifs de stuc ou les sculptures se détachent en couleurs vives et heurtées sur des parois brun pompéien, les violets, les orangés, le noir étant les couleurs favorites pour les tentures. S'agissant des motifs, on voit apparaître la palmette et surtout des motifs d'inspiration antique (cygne, sphynges) ou militaire (casques, trophées, sabres). On note l'utilisation fréquente de motifs géométriques (losanges, hexagones). Les meubles sont souvent laqués.
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